Environnement

VOSGES

"Decharge" de Dompaire: un avant projet déposé en préfecture

La société Onyx (groupe Vivendi) a bel et bien des intentions pour les Grands-Bois de Dompaire. On a appris hier qu'elle avait déposé un avant-projet de centre d'enfouissement technique le 10 mars dernier.

EPINAL.- II n'y avait donc pas de fumée sans feu et les craintes de l'association "Stop Decharges" étaient fondees: la société Onyx - qui fait partie du groupe Vivendi (ex-Generale des eaux) - a bel et bien l'intention de créer un centre d'enfouissement technique sur la commune de Dompaire. La société avait jusqu'à présent joué la carte de la discrétion. Tout juste avait-elle invité les maires du secteur à visiter ses installations ailleurs en Lorraine. C'était le 1er décembre dernier.

 

Les Grands-Bois ne veulent pas devenir une poubelle et ils le disent sur tous les tons (photos d'archives).

Depuis l'entreprise a fait la sourde oreille, préférant ne pas répondre ni réagir à la très forte mobilisation des habitants du secteur.

Onyx n'est pourtant pas restée inactive. On a ainsi appris hier que la société avait déposé il y a un mois en préfecture des Vosges un avant projet concernant ce centre d'enfouissement technique.

Un avant-projet de 15 hectares

Le document fait état d'un terrain de 15 hectares, situé au lieu-dit "les Grands-Bois" de Dompaire. "C'est seulement un avant-projet", se borne à préciser le bureau "environnement" de la préfecture.

Celui ci a été déposé très précisément le 10 mars dernier. C'est-à-dire huit jours avant l'assemblée générale de l'association "Stop-Décharges", qui a réuni près de 300 personnes le 18 mars.

 

Le 18 mars dernier, lors de l'assemblée générale de "Stop Decharges", I'association avait fait dans le symbole.

L'association, qui se veut citoyenne, n'a que trois mois d'existence, mais elle comptait déjà ce soir-là 616 adhérents, tous opposés à ce que le canton de Dompaire devienne "la deuxième poubelle des Vosges après Ménarmont'. Elle a également réussi la performance de recueillir 3522 signatures sur sa pétition !

Parmi ceux-ci figurent beaucoup d'élus, puisque de nombreux conseils municipaux ont pris des déliberations contre le projet. Ceux-ci seront certainement choqués d'apprendre qu'Onyx a décidé de ne plus les tenir informés de ses intentions. "Si l'avant-projet date du 10 mars, la moindre des choses eut été que le 18, nous ayons été mis au courant", nous confiait hier soir un adjoint. . .

Quel sort sera réservé à cet avant-projet ? Pour l'instant, c'est l'inconnue. Ce qui est sûr pourtant, c'est que le CET de Ménarmont, d'une capacité totale de 1,2 Mm3 de déchets, arrivera à saturation totale pour 2003. Le plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés, approuvé le 18 novembre 1996, stipule qu'un nouveau site permettant l'accueil des déchets ultimes devra être trouvé".

Concrètement, un tel projet doit être soumis a l'opérateur départemental, qui émettra un avis sur sa compatibilité avec le plan. Mais dans la mesure ou il s'agit de confier ce CET à un opérateur privé, se pose la question d'un appel d'offres. A notre connaissance, aucun appel de ce genre n'a été lancé sur le département. Onyx aurait donc, en quelque sorte, devancé l'appel.

Les interrogations, on le voit, sont plus nombreuses que jamais. Maintenant que les pouvoirs publics ont un avant-projet officiel en main, les élus et responsables de "Stop-Decharges" vont pouvoir aller officiellement s'ouvrir de leurs inquiétudes devant les représentants de l'Etat. Le succès de leur mobilisation leur donnera sans conteste une vraie crédibilité.

Olivier KOPF

 

Vosges-Ecologie met son grain de sel

EPINAL.- Hier, Vosges-Ecologie est sortie de sa réserve. L'association qui est membre de la Commission départementale de révision du plan d'élimination des ordures ménagères, apporte ainsi sa pierre au débat avec un certain nombre d'observations: Les deux centres d'enfouissement technique existants, Ménarmont et Golbey, sont en passe d'être saturés. Une solution efficace et sécurisante - sécurisante car l'élimination des déchets est potentiellement dangereuse - doit donc être trouvée dans un avenir relativement proche, explique R. Claudel. Cette solution ne peut pas passer par la dispersion des déchets, procédure discrète mise en oeuvre à l'insu des populations. On la voit appliquée dans cette affaire de mâchefers contenant de la dioxine, d'une usine d'incinération, étalés sur des chemins forestiers de la Meuse (...). Même si certaines techniques comme l'incinération ou la thermolyse permettent d'en réduire le volume, il est bien clair que nous aurons toujours à gérer les déchets ultimes des déchets valorisés. Mieux vaut donc les contrôler sérieusement

"Personne ne veut de centre d'enfouissement technique chez soi, poursuit Vosges-Ecologie. Cela se comprend aisément. Pour les éviter au maximum, il faut produire de moins en moins de déchets. Le syndicat mixte départemental chargé de cette question mène avec beaucoup de vigueur une campagne de sensibilisation au tri sélectif. Les collectivités locales s'y engagent également . Toutefois, les décideurs considèrent comme inéluctable l'accroissement incessant du volume des déchets. Les usines d'incinération sont surdimensionnées en prévision". Vosges-Ecologie pense qu'il faudrait au contraire aborder dans les écoles deux questions: comment produire moins de déchets et comment trier ceux qu'on ne peut éviter.

Vosges-Ecologie estime enfin que "la situation vécue dans la plaine révèle un dysfonctionnement majeur du syndicat mixte. Menée dans l'opacité la plus complète, découverte par hasard, l'opération de Dompaire ne pouvait créer que de la défiance (...) Déléguer la responsabilité des unités de traitement à des opérateurs privés ne nous semble pas la procédure apportant un maximum de garanties au citoyen tant en ce qui concerne les coûts que l'environnement".