VOSGES

Centre d'enfouissement à l'étude

Dompaire ne veut pas être "la deuxième poubelle des Vosges"

L'inquiétude grandit dans le canton de Dompaire où la création d'un Centre d'enfouissement technique de déchets est à l'étude. Une réunion a lieu ce soir pour créer un comité de défense.

EPINAL.- "Demandez aux habitants du secteur de Ménarmont ce qu'ils vivent. Les nuisances sont bien réelles. Dompaire ne veut pas devenir la deuxième poubelle du département des Vosges". Les termes sont durs. ils n'en sont pas moins révélateurs de l'inquiétude d'une partie des élus et des habitants du canton de Dompaire face à la dernière rumeur en date: la possible création dans le secteur d'un Centre d'enfouissement technique (CET) de deuxième classe. Autrement dit une décharge contrôlée.

Alors que les autorités disent n'avoir reçu aucun dossier concernant ce projet (voir encadré), certains éléments prouvent que le stade de la rumeur est dépassé. Tout d'abord, la société Valest Onyx, une filiale de Vivendi (ex-Générale des eaux), s'est bel et bien rendue acquéreur de quelque 15 hectares de terrains dans les "Grands Bois" de Dompaire.

En 1996 déjà...

L'acquisition date d'il y a quelques mois. Mais déjà, le précédent propriétaire avait commandité des fouilles sur le site et celles-ci ont bel et bien été réalisées. "En 1996, le conseil municipal de Dompaire avait dit non de façon unanime à un tel projet. Pourtant, au début de cette année, des promeneurs se sont rendu compte que des fosses et des trous avaient été creusés, résume François Martin, conseiller municipal de Madonne-et-Lamerey, qui s'est emparé du dossier. L'élu se rend sur place et de fait, que constate-t-il ? "Trois alvéoles d'environ 100 m2 chacune ont été creusées et rebouchées et deux cheminées - piézomètres - qui permettent les mesures de pollution - ont été installées".

François Martin se renseigne. Les élus ne sont au courant de rien. La préfecture non plus. Mais les interprétations vont bon train et le spectre du Centre d'enfouissement technique se dessine de plus en plus nettement.

Il est vrai que la situation dans les Vosges ne peut rester en l'état: d'ici à 2003 le CET de Ménarmont sera en effet arrivé à saturation et le plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés évoque noir sur blanc la nécessité de trouver un nouveau site capable de faire face.

Onyx emmène les élus sur ses sites

Chez Onyx, on ne cache pas que le travail actuellement réalisé a beau se situer "très en amont de toute décision", il n'en est pas moins directement lié à ce plan départemental.

D'ailleurs, la société prend le taureau par les cornes pour couper court aux rumeurs: début novembre, elle écrit aux élus du secteur pour leur proposer une visite guidée sur plusieurs des sites lorrains d'Onyx. Rendez-vous est fixé pour mercredi prochain 1er décembre: les maires du canton et les membres des conseils municipaux de Dompaire et Madonne-et-Lamerey seront véhiculés jusqu'à un Centre d'enfouissement technique dans l'Est thionvillois.

Ils y rencontreront leurs homologues. François Martin a demandé à ce que l'association de protection du site soit également représentée. La société fera découvrir aux élus non seulement un centre d'enfouissement technique, mais aussi un centre de tri ainsi que l'usine d'incinération de Ludres, dont elle a la gestion.

Des refus et des points d'interrogation

D'ici là, les Vosgiens auront commencé à s'organiser. Ce soir, à la salle des fêtes de Dompaire, une réunion d'information doit aboutir à la création d'une association de défense (loi 1901) ayant ouvertement pour but de s'opposer à la création d'un CET à Dompaire. "Ce projet est néfaste, assure François Martin. Non seulement personne n'a envie de recevoir dans le canton des milliers de tonnes de déchets par an, dont pourquoi pas de la dioxine, du plomb, du mercure, de l'amiante ... mais en plus, les nuisances causées par les va et vient de camions seront vite insuportables".

Francois Bazard, conseiller général et maire de Dompaire, se montre plus posé mais il s'interroge tout autant "On nous assure que les camions ne traverseront aucune commune et que les déchets seront emmenés directement au centre d'enfouissement par une route spécialement créée pour l'occasion par l'industriel, commente-t-il. Pour l'instant, nous sommes demandeurs d'informations et c'est la raison pour laquelle la visite du 1er décembre sera la bienvenue".

Ce soir, les opposants à ce projet pourront en tout cas commencer à se compter. Les plus déterminés d'entre eux sont bien décidés à ne pas baisser la garde

Olivier KOPF

 

Les pouvoirs publics laissent l'information au conditionnel

EPINAL.- A la préfecture des Vosges, on prend des gants pour parler de ce dossier Dour la bonne raison que les pouvoirs publics n'ont officiellement été saisis d'aucune demande. "Il semblerait que se dessine actuellement un projet de création de Centre d'enfouissement technique dans le secteur de Dompaire précise-t-on dans l'entourage du préfet. Mais il n'y a aucun dossier déposé à la préfecture à ce sujet".

La direction des relations avec les collectivités locales et de l'environnement rappelle cependant clairement que "le plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilé approuvé le 18 novembre 1996 a prévu que le site de Ménarmont, d'une capacité totale de un million de mètres cube, devrait pouvoir durer jusqu'en 2003. Au-delà, un nouveau site permettant l'accueil des déchets ultimes devra être trouvé".

Tout projet de ce type, explique encore la préfecture, doit être soumis à l'opérateur départemental chargé d'émettre un avis sur la compatibilité du projet au plan. "Si tel est le cas, une procédure au titre des installations classées pour la protection de l'environnement doit étre lancée. La révision actuelle du plan d'élimination des déchets ménagers et assimilés ne remet pas en cause les dispositions du plan de 1996".

L'objectif est d'atteindre 35% de valorisation matière (recyclage) en 2002 et 45% en 2007, le reste étant destiné à l'incinération. Seuis les déchets ultimes iront en CET.